|
Hadj M'Hamed El ANKA.
|
- El ANKA M'Hamed (1907-1978)
- Grand maître de
la chanson Chaâbi
De son vrai nom Aît Ouarab
Mohamed Idir Halo, Hadj M'Hamed El Anka naquit le
20 mai 1907 à la Casbah d'Alger, précisément
au 4, rue Tombouctou, au sein d'une famille
modeste, originaire de Béni Djennad
(Tizi-Ouzou). Son père Mohamed Ben HadJ Saîd,
souffrant le jour de sa naissance, dut être
suppléé par un parent maternel pour la
déclaration a l'état civil. C'est ainsi que
naquit un quiproquo au sujet du nom patronymique
d'El Anka. Son oncle maternel se présente en
tant que tel; il dit en arabe "Ana
Khalo" (Je suis son oncle) et c'est de cette
manière que le préposé inscrivit
"Halo". Il devient alors Halo Mohamed
Idir.
|
|
Sa mère Fatma Bent Boudjemaâ
l'entourait de toute l'affection qu'une mère pouvait
donner. Elle était attentive a son éducation et à son
instruction. Trois écoles l'accueillent successivement
de 1912 à 1918: coranique (1912-1914), Brahim Fatah
(Casbah) de 1914 à 1917 et une autre à Bouzaréah
jusqu'en 1918. Quand il quitte l'école définitivement
pour se consacrer au travail, il n'avait pas encore
souffle sa 11 ème bougie.
C'est sur recommandation de
Si Said Larbi, un musicien de renom, jouant au
sein de l'orchestre de Mustapha Nador, que le jeune M'hamed obtenait
le privilège d'assister aux fêtes animées par
ce Grand maître qu'il vénérait. C'est ainsi
que durant le mois de Ramadhan de lannée
1917, le cheikh remarque la passion du jeune
M'hamed et son sens inné pour le rythme et lui
permit de tenir le tar (tambourin) au sein de son
orchestre. A partir de la, ce fut Kehioudji, un
demi-frère de Hadj Mrizek qui le reçoit en qualité de
musicien a plein temps au sein de l'orchestre qui
animait les cérémonies de henné réservées
généralement aux artistes débutants.
Après le décès de cheikh
Nador à l'aube du 19 mai 1926 à Cherchell,
ville d'origine de son épouse ou il venait juste
de s'installer, El Anka prit le relais du cheikh
dans l'animation des fêtes familiales.
L'orchestre était
constitué de Si Saîd Larbi, de son vrai nom
Birou, d'Omar Bébéo (Slimane Allane) et de
Mustapha Oulid El Meddah entre autres. C'est en
1927 qu'il participa aux cours prodigués par le
cheikh Sid AH Oulid Lakehal, enseignement qu'il
suivit avec assiduité jusqu'en 1932. 1928 est
une année charnière dans sa carrière du fait
qu'il rencontre le grand public.
- Il enregistre 27 disques 78
t chez Columbia, son premier éditeur et prit
part aussi a l'inauguration de la Radio PTT
Alger. Ces deux événements vont le propulser au
devant de la scène a travers tout le territoire
national et même au-delà.
Le 5 août 1931, cheikh
Abderrahmane Saîdi venait de s'éteindre. Ce
Grand cheikh disparu, El Anka se retrouvera seul
dans le genre mdih . C'est
ainsi que sa popularité favorisée par les
moyens modernes du phonographe et de la radio,
allait de plus en plus grandissante. Des son
retour de La Mecque en 1937, il reprit ses
tournées en Algérie et en France et renouvela
sa formation en intégrant HadJ Abderrahmane
Guechoud, Kaddour Cherchalli (Abdelkader
Bouheraoua décédé en 1968 à Alger), Chabane
Chaouch à la derbouka et Rachid Rebahi au tar en
remplacement de cheikh Hadj Menouer qui créa son propre orchestre.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et
Après une période jugée difficile par certains
proches du cheikh, El HadJ M'Hamed El Anka va
être convié à diriger la première grande
formation de musique populaire de Radio Alger à
peine naissante et succédant à Radio PTT,
musique populaire qui allait devenir, a partir de
1946, "chaâbi" grâce à la grande
notoriété de son promoteur, El Anka. En 1955.
il fait son entrée au Conservatoire municipal
d'Alger en qualité de professeur charge de
l'enseignement du chaâbi. Ses premiers élèves
vont devenir tous des cheikhs a leur tour,
assurant ainsi une relève prospère et forte,
entre autres, Amar Lâachab, Hassen Said, Rachid Souki, etc. EI-Hadj
M'Hamed El-Anka a bien pris à cur son art:
il a appris ses textes si couramment qu'il s'en
est bien imprégné ne faisant alors qu'un seul
corps dans une symbiose et une harmonie
exceptionnelle qui font tout le genie créateur
de l'artiste en allant jusqu'à personnifier,
souvent malgré lui, le contenu des poésies
qu'il interpréte; les exemples d'El-Hmam,
Soubhane Ellah Yaltif sont assez édifiants.La
grande innovation apportée par EI-Hadj El-Anka
demeure incontestablement la note de fraîcheur
introduite dans une musique réputée monovocale
qui ne répondait plus au goût du jour- Son jeu
instrumental devient plus pétillant, allégé de
sa nonchalance. Sa manière de mettre la mélodie
au service du verbe était tout simplement
unique. A titre indicatif, El Hadj El Anka a
interprété près de 360 poésies ( qaca'id ) et produit environ 130 disques.
Après Columbia, il réalise avec Algériaphone
une dizaine de 78 t en 1932 et une autre dizaine
avec Polyphone. Après plus de cinquante ans au
service de l'art, El Anka animera les deux
dernières soirées de sa carrière jusqu'à
l'aube, en 1976, à Cherchell, pour le mariage du
petit-fils de son maître cheikh Mustapha Nador
et, en 1977, a El-Biar, chez des familles qui lui
étaient très attachées. Il mourut le 23
novembre 1978, à Alger, et fut enterré au
cimetière d'El-Kettar.
|