TETMA Cheikha

TETMA Cheikha (1891- 1962) - Brillante interprète du genre Hawfi

De son vrai nom Tetma Thabet. Cheikha Tetma est née à Tlemcen. Elle entaima sa carrière en interprétant le hawfi qui est une sorte de romance, de berceuse que les femmes tlemcéniennes chantaient en se poussant sur la balançoire ou en cajolant leur bébé pour l'endormir, ou encore pour meubler les soirées familiales... Un exemple:

"j'ai découvert des rochers entre lesquels coulait une eau abondante.
je me suis rendu aux cascades pour les visiter
J'ai remarqué quatre jeunes femmes qui lavaient du linge
''la première ô lune, la deuxième du cristal,
"la troisième ô mon frère a enflammé mon coeur,
''Et la quatrième, ô mon fère, une brûlure sans feu ''.
 
 
 

Son étoile monda très vite au firmament, car elle était dotée d'une voix ensorcelante, mais plus encore, elle jouait parfaitement de la kouitra et du violon . Son niveau d'instruction en arabe était appréciable pour l'époque; elle pouvait de ce fait assimiler très vite les poèmes qu'on lui présentait en y ajoutant la manière .

Elle était accompagner d'un orchestre composé de Omar El-Bekhchi, de Abdelkrim Dali lorsqu'il était jeune et du virtuose du piano Djillali Zerrouki. Ce dernier lui était fidèle; il a participé, en effets avec elle à toutes les cérémonies qu'elle animait à travers tout le pays, mais aussi au Maroc et en France, et il exécutait avec un brio incomparable les Istikhbar dans les modes Zidan, Mawwal, sika et autres sahli et âarêq.

Sa virtuosité n'était pas sans écho, car elle trouvait du répondant dans l'exécution de Cheikha Tetma. La dextérité de ce grand maître du piano reflétait l'ombre parfaite et assidue de la voix ondulante de Tetma. Du hawfi, Cheikha Tetma fit un passage très aisé au Hawzi et interpréta ainsi les oeuvres des célébres maîtres Ben Msayyeb, El-Yacoubi, Mohamed et Boumediène Bensahla, Bentriki et Ahmed Zengli.

Plus tard elle s 'exerça également à la musique classique andalouse. En elle participa à une tentative d'harmonisation andalouse initiée par un orchestre symphonique européen du Conservatoire municipal d'Oran. Elle est sortie grandie de cette expérience au point où elle s'installa à Alger, durant une grande partie des années cinquante.

 
 

Sources : "Dictionnaire des musiciens et interprétes algeriens" de Achour CHEURFI


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